Une rencontre imprévue qui risque de mener bien loin...

Je venais à peine d'arriver à Sayna Town depuis quelques jours. Certaines personnes considéraient Sayna Town comme la capitale du monde qu'était Sayna. D'après ce que j'avais pu voir, c'était vrai que la ville semblait... Différente des autres. Surtout vu la région d'où je venais. Ça changeait du tout au tout, croyez moi. Lufkin n'était pas une région agréable. La majorité de ce coin était malfamé et pauvre. Quant à la partie riche... Je sais pas exactement quoi en dire à part qu'elle faisait un peu peur malgré tout. Une atmosphère étrange y régnait. Une atmosphère indescriptible.

Aujourd'hui, je devais me rendre à l'académie. Pourquoi? Bof, vous savez bien! Ramener des papiers pour l'inscription. C'est toujours la même chose. Je m'étais levée suite aux cris de mon frère. Cris destinés à me réveiller, bien sûr. Vous comprendrez qu'il avait évidement bien réussis son coup. Lorsque je voulu aller dans la salle de bain, monsieur me devança. A ce moment là, j'aurais pu rester couchée, franchement! Changement de programme oblige, je descendis dans la cuisine pour manger un truc rapidement. Ma mère me parla de son nouveau boulot mais j'étais encore à moitié endormie et je ne l'écoutais qu'à moitié. Mon frère ayant enfin libéré la salle de bain que je convoitais tant, je me précipitai à l'intérieur de celle-ci avant que quelqu'un d'autre de la famille ne me vole ma place! Je pris une douche puis m'habillai, me coiffai et me maquillai. Je passai ensuite par ma chambre pour attraper mon sac avec mes papiers à l'intérieur - sac que je mis en bandoulière sur une épaule. Je redescendis et mis mes chaussures: "Je vais à l'académie! A plus tard!", criais-je dans la maison pour que tout ses occupants m'entendent et sachent où j'étais passée.

Je me mis en route sauf que... J'avais un nouveau problème qui se présentait à moi. Elle était où, cette fameuse académie? Telle était la question. Je n'avais pas pensé à faire du repérage et j'étais maintenant comme une idiote. Tandis que j'essayais de me repérer pour savoir où je me trouvais au juste, mon regard vaguant tout autour de moi, je perdis l'équilibre en restant accrochée à une pierre et je percutai un homme avant de tomber au sol. J'étais d'une maladresse légendaire. Je devrais être une pièce de musée rien qu'à cause de cela, tant j'étais capable de me faire mal en une journée. Je me relevai mon regard vers l'homme que j'avais percuté. "Excusez moi. J'espère ne pas vous avoir fait mal, même si entre vos cabaris et le mien, on sait qui de nous deux aurait le plus de chance d'avoir mal." Je me relevai et sourit: "Je ne voudrais pas profiter de la situation mais... Sauriez-vous où se trouve l'Académie Karmin?" Je souris, simplement.

Le rêve que je faisais est toujours le même depuis quatre ans maintenant. La même maison, la même atmosphère, les mêmes personnes puis ce froid glacial hivernal et la nuit noir. Je descendais les escaliers sans m'arrêter allant vers la porte, pourtant je savais que je ne devais pas le faire, je ne connaissais que trop bien le déroulement de l'histoire. Pourtant, ma main s'est posé sur la poignée la porte s'est ouverte et je l'ai vu. Son visage était à la fois très beau et horrible. La peau blanche mais les traits tirées, les mains en sang. C'était la dernière fois que j'allais la voir et que j'allais les voir eux-aussi... Quand les murs ont été tapissés d'un liquide rouge visqueux et que les deniers corps se sont effondrés. J'ai hurlé de toute mes forces, je me suis réveillé. Il me fallu du temps pour me calmer pourtant j'aurais du m'habituer à tout ça, se réveiller la peau collante, les muscles engourdis et les larmes coulants mais ca n'avait jamais été le cas. Je me laissais sans arrêt surprendre et a chaque fois j'avais la même pensée "Ce cauchemar ne finira donc jamais ?! " Malheureusement, je connaissais la réponse.

Péniblement, je me suis levé et suis partis me doucher. Aujourd'hui tout allait recommencer, une nouvelle année scolaire que j'avais décidé de passer seul. Laissant des tas de rumeurs courir à mon sujet, rumeurs qui n'étaient qu'a moitié vraies. Me regardant dans le miroir, je fus encore une fois blessé de ne rien voir dans mes yeux, cette lueur humaine avait disparue, tout ce que je voyais c'était la douleur contre laquelle je me battais chaque jour. Je mourrais de soif et pourtant c'était aussi la chose qui me liait à ma vie d'avant. Je suis un vampire, ou presque. En transition depuis déjà quatre ans. J'ai les pouvoirs, l'envie de sang mais pas la puissance car n'ayant jamais bu une goutte de sang je n'avais pas la force nécessaire a affronter certaines catégories de vampires. J'avais cependant d'autres ressources qui faisaient quand même de moi l'ennemi numéro un de la population de la nuit.

Je laissai glisser mon doigt sur mon cou, à la place de la morsure se trouvait une tâche brunâtre qui grandissait au fur et a mesure. Tâche qui disparaissait quand je prenais mes médicaments destinés a couper ma soif. J'avais toujours ces choses avec moi, dans ma poche. Prenant mon sac, je partis en directement de cet endroit que j'avais appris à supporter. Mains dans les poches, j'étais en retard mais pourtant pas pressé. Cependant à mi chemin à peine, une jeune femme me rentra dedans.Elle tomba et je l'aidai a se relever fronçant les sourcils. "Vous devriez faire attention" Je soupirai doucement en sachant où elle devait aller " Je vois. Nouvelle élève. J'y vais justement. " Je repris ma marche mains dans les poches sans rien ajouter. Lui laissant si elle voulait le choix de me suivre.

Honnêtement, je ne pouvais pas dire que j'étais malheureuse. Mais je devais avouer qu'arriver dans une nouvelle région était flippant. La région de laquelle j'étais originaire n'était guère facile à vivre. Des gens étranges y passaient leur temps. Lufkin. Rien que son nom me donnait la chaire de poule. Mais je cachais mes angoisses. J'étais quelqu'un qui allait de l'avant, qui affrontait les choses et n'hésitait pas face au danger. Je devrais d'ailleurs sûrement faire bien souvent attention à tout cela. Mais c'était dans ma nature. Quoi qu'il en était, je m'étais retrouvée à percuter un inconnu. A Lufkin, je serais partis en courant. Mais depuis que j'étais à Sayna Town, je sentais que c'était différent. C'était plus lumineux, moins angoissant. Alors non, je n'avais pas fuis. Je lui avais demandé mon chemin, tout bêtement. Il m'avait même aidé à me relever en me disant que je devrais faire attention. C'était vrai. Mais ma nature était d'être également maladroite, c'était comme ça. " Je vois. Nouvelle élève. J'y vais justement.", me dit il suite à ma demande de renseignements. Puis il se mit en route. Quoi? Alors, c'était tout? Il semblait plus sympathique lorsqu'il m'avait tendu sa main pour m'aider à me relever. Je soupirai. Finalement, mes espoirs que ce serait simple s'étaient envolés en fumée. J'hésitai un instant puis me mis à le suivre pour reprendre la parole, souriante:

-Je m'appelle Elia. Elia Montgomery. Je me permets de te suivre comme ça, je trouverais très facilement mon chemin et je serais sûre de ne plus me perdre. Puis, ce serait vraiment stupide que je ne te suive pas alors que c'est ta destination également.

Je ris doucement. Parfois, quand je ne savais pas comment prendre les gens, je me mettais à parler un peu n'importe comment, rapidement et sans doute un peu trop. Je dois vous avouer une autre chose. Je n'aimais pas beaucoup être seule. En fait, je n'aimais être seule que lorsque j'en avais réellement besoin. Et là, comme je venais tout juste d'arriver, j'étais heureuse d'être tombée par hasard sur un étudiant de l'académie. Après tout, les rencontres hasardeuses étaient bien souvent les meilleures. Et je comptais bien profiter de cette occasion pour peut-être me faire un nouvel ami, même s'il ne semblant pas plus engageant que cela.

-Tu habites à Sayna Town depuis longtemps? Moi je viens d'arriver il y a quelques jours à peine. Je suis originaire de... Je suis originaire de Lufkin, une région pas très "agréable". Tu connais?

Et voila, je me remettais à beaucoup parler et surtout à poser tout un tas de questions. J'avais imité les guillemets du mot "agréable". Sa vie privée ne me regardait pas pourtant! Enfin bon, je ne trouvais pas cela si personnel mais ne sait on jamais comment il risquait d'interpréter ça. Je me remis donc à parler pour me justifier, d'une certaine manière.

-Je suis désolée mais j'aime beaucoup parler. Et le chemin risque d'être long si on échange pas un seul mot.

Je souris, une nouvelle fois, en tournant mon visage vers lui.